La teinture végétale

Saviez-vous que les teintures textiles d’aujourd’hui sont réalisées à partir de produits chimiques, toxiques pour l’humain qui les manipule et nocifs pour l’environnement ?

En fait, c’est au milieu du 19e siècle que ce type de teintures a commencé à être majoritairement utilisé dans les industries textiles, pour des raisons économiques. Pourtant, bien avant l’ère industrielle, les vêtements étaient tout aussi colorés : les étoffes des empereurs romains étaient rouges, le noir était la couleur du deuil et l’on a retrouvé des traces d’indigo sur des habits de l’Égypte Antique. Alors, comment faisaient-t-ils ? Eh bien ils utilisaient la teinture naturelle, à base de plantes, de fruits ou même de coquillages ! D’ailleurs, même si l’industrie du textile n’emploie plus ces méthodes, il est toujours possible de teindre soi-même ses vêtements en utilisant la teinture végétale. Comment ? On vous explique le concept.

La teinture végétale : une méthode écologique pour colorer ses vêtements

On vous le disait plus haut, la teinture végétale était déjà utilisée par les Égyptiens de l’Égypte Antique, c’est-à-dire il y a plus de 4000 ans ! La plus vieille couleur connue est l’indigo (bleu foncé) extraite des feuilles de l’indigotier. En – 1000 av. J-C, les phéniciens ont créé la pourpre de Tyr : une teinture rouge violacée (appelée aujourd’hui pourpre) très coûteuse et réservée aux élites, fabriquée à partir de coquillages (le murex) écrasés.

Avec le temps, d’autres teintures ont vu le jour :

  • Le brun à noir grâce au café, au thé, au brou de noix, à l’écorce de saule, aux racines de chicorée ou aux racines de pissenlits.
  • Le jaune par l’utilisation de la gaude (Reseda luteola), appelée aussi herbe à jaunir, du curcuma, de feuilles de tournesol, de fleurs de safran, de bruyère ou de persil.
  • Le rouge par l’extraction des rhizomes de la Garance (Rubia tinctorum L.) ou le broyage de certains types de cochenilles, les pelures d’oignons rouge, le raisin rouge, le dahlia ou les baies de sumac rouge.
  • Le vert grâce à la prêle, aux grains de caroube, aux épinards ou aux feuilles de sureau.
  • Le violet par la réalisation d’une teinture mère de roses trémières noires ou de fleurs de souci ou par l’utilisation des fruits du cassis.
  • L’orange grâce aux pelures d’oignons jaunes, à la carotte ou aux rhizome de rhubarbe.

Vous pouvez trouver tout un tas de végétaux préparés pour la teinture en herboristerie, ainsi que des kits avec tous les ingrédients nécessaire à une couleur de teinture.

Bref, vous l’avez compris, la teinture à base de produits naturels c’est possible… Et ce n’est pas si compliqué que ça en a l’air ! Pour les adeptes du DIY, c’est d’ailleurs une expérience très enrichissante que de réaliser soi-même sa teinture végétale pour colorer son linge. En plus d’être écologique parce qu’on utilise des produits issus de la nature, c’est aussi une méthode anti-gaspillage.

Grâce à la teinture maison, vous pouvez :

  • Recycler un vêtement usé ou le remettre à neuf ;
  • Fabriquer des tissus et coloris uniques, teindre de la laine naturelle ;
  • Utiliser des végétaux abîmés ou des pelures.

Voici le procédé.

Fabriquer soi-même sa teinture végétale

Fabriquer soi-même sa teinture pour textile n’est pas très compliqué mais demande beaucoup de patience. Il faut respecter quelques principes de base et suivre à la lettre le procédé. Commencez par vous munir de votre matériel :

Étape n°1 : Le mordançage

C’est une étape incontournable pour réussir votre teinture textile végétale artisanale. Le mordançage, c’est l’ajout de produits dans le tissu qui vont permettre aux colorants de se fixer aux fibres textiles. Pour mordancer une fibre, il faut donc des mordants : les sels métalliques. Ici, on utilisera l’alun, le plus naturel et le plus courant. Il possède l’avantage d’être un mordant neutre et ne modifie donc pas la couleur. D’autres mordants peuvent être utilisés mais chacun possède sa propriété : le fer fonce les couleurs tandis que l’étain les avives. Attention si vous employez ces deux derniers sels métalliques car ils ont tendance à abîmer la fibre textile.
Pour assurer une meilleure répartition du mordant dans le textile, un adjuvant peut être utilisé : le vinaigre blanc. Il permet au mordant d’aller plus en profondeur dans le tissu et les colorants seront donc mieux fixés.

Pour réaliser l’étape du mordançage :

  • Commencez par laver votre linge au savon de Marseille mais ne le séchez pas.
  • Ajoutez dans une casserole d’eau tiède 10 % du poids de votre linge (20 % si c’est de la laine) en poudre d’alun.
  • Placez votre tissu dans la casserole d’eau et faites chauffer lentement pendant 1 à 2 h.
  • Laissez refroidir.
  • Sortez le textile et rincez-le.

Étape n°2 : La teinture végétale

Une fois votre plan de travail bien préparé et protégé (les colorants, ça tâche !), vous pouvez passer à la préparation de la teinture. Choisissez votre végétal selon la couleur que vous souhaitez.

  • Prenez 100 g de végétaux pour 1 L d’eau dans votre marmite.
  • Hachez les végétaux choisis.
  • Remplissez votre marmite d’eau et des végétaux.
  • Faites bouillir 1 à 2 h à feu doux jusqu’à ce que la teinte désirée soit obtenue.
  • Filtrez l’eau et laissez le mélange refroidir.

Votre teinture est maintenant prête à l’emploi !

Étape n°3 : La coloration

Vous pouvez maintenant colorer le textile que vous avez préparé. Pour cela :

  • Placez le tissu dans la marmite de teinture et faites bouillir à feu moyen.
  • Laissez mijoter pendant au moins 1 h en remuant régulièrement pour que la coloration soit homogène sur tout le textile.
  • Laissez tremper hors du feu pour que les colorants s’imprègnent bien. Vous pouvez laisser infuser pendant 1 journée entière si vous souhaitez une teinte plus soutenue.
  • Quand vous avez la coloration voulue, sortez votre tissu et rincez-le abondamment à l’eau froide.
  • Essorez et faites sécher à l’air libre votre linge.

Et voilà ! Votre textile est coloré grâce à une teinture écologique faite maison !

Entretenir sa teinture végétale

Pour éviter de voir votre belle teinture partir au bout de quelques machines, lavez votre linge soit à la main soit en machine sur le programme délicat, et utilisez une lessive douce.

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Cet article a été rédigé par Julie Arnoux.