Mon cerveau, est-il créatif ?


Être créatif est une marque de naissance. C’est une belle fatalité naturelle que beaucoup laisse dépérir par choix ou par contrainte sociale. Toutefois, développer sa créativité de nouveau est offert à chacun.

Certes, le cerveau n’a pas encore dévoilé tous ses secrets, mais il est démontré que la pratique d’une activité artistique dope notre activité neuronale, libère notre énergie créative et muscle nos hémisphères.

Il ne s’agit pas de fibres musculaires, de pompes et de stéroïdes ! Rassurez –vous, c’est plus beau, divertissant et enrichissant. Il s’agit d’art, d’émotions et de liberté.

Plongeons, ou plus modestement, surfons ensemble dans l’univers fascinant de l’activité neuronale et voyons comment chacun d’entre nous est potentiellement doté d’un cerveau créatif.

Vous êtes déjà habitué à joindre l’utile au créatif ? ! Tant mieux.

Comment fonctionne un cerveau créatif ?

L’IRM a permis aux neurologues de mieux percer les secrets du cerveau. L’analyse des cartographies de cerveaux en pleine activité neuronale a démystifié le processus créatif. Toutefois, il reste beaucoup à savoir à propos de notre activité neuronale.

Les neurologues précurseurs savaient déjà grâce à la dissection qu’un cerveau est composé de deux hémisphères à apparence symétrique. L’observation des effets des lésions cérébrales leur a permis de supposer que l’ hémisphère gauche d’un cerveau est le foyer du langage et de la logique séquentielle linéaire (action/réaction ou pas à pas), alors que l’ hémisphère droit serait le lieu où les idées naissent et foisonnent parallèlement et indépendamment les unes des autres. Ce serait le propre d’un cerveau créatif.

Sans totalement condamner cette tentative de décryptage du fonctionnement cérébral (gauche pour les matheux et droit pour les poètes), les découvertes récentes, aussi bien en neurologie qu’en psychologie, y ont apporté des nuances, des ajouts et des précisions.

Nous allons essayer d’en présenter, en langage non scientifique, celles liées à la créativité proprement dite. Avant cela, il faudra la définir.

Qu’est-ce que la créativité ?

Un créatif est une personne capable de proposer une réponse originale à une situation.

L’accès à cette réponse peut être directe (puiser dans son stock d’expériences et de savoirs), certains spécialistes parlent plutôt d’intelligence dans ce cas. La solution créative, quant à elle, se caractérise par un nouvel assemblage de clés de réponse déjà connus mais jamais combinés et utilisés pour la dite situation.

Un créateur est un pionnier, il provoque des connexions inédites sans autocensure. Il est anticonformiste. Il peut ne rien inventer de nouveau, mais juste combiner différemment ce qui est déjà connu.

Poussée à l’extrême, cette capacité ou liberté peut choquer les non-créatifs ! Peu importe : le grand Socrate a lié le génie à un brin de folie.

L’humanité a progressé grâce aux grands esprits vagabonds. Certains ont payé le prix fort : et pourtant, ils tournent !

La divergence et la convergence des idées

Reconnaissez-vous un esprit vagabond ? Sûrement que oui. Vous en avez rencontré dans votre milieu scolaire, professionnel ou parmi vos proches. C’est cette personne agitatrice et agitée qui pond mille idées face à une situation. Plutôt que de suivre un chemin droit jusqu’au bout (convergence), elle saute librement d’un plan à un autre (divergence).

Cet individu est qualifié de créateur (de farfelu aussi par les conformistes bornés victimes du système scolaire), il est le plus apte à apporter de nouvelles idées et des solutions originales. Toutefois, il faut faire le tri et se focaliser sur les meilleures.

Les IRMs ont démontré que c’est ce que ferait notre cerveau. En phase vagabondage ou divergence, l’activité neuronale s’intensifie du côté droit pour se propager ensuite à d’autres zones dites de rationalité, focalisation ou convergence. Les voyants peuvent se rallumer de nouveau en mode divergence ou dans la zone de stockage des informations. C’est un processus de va-et-vient.

Les interconnexions au sein du cerveau

La technologie a permis d’établir que l’hémisphère droit est lié au gauche. Les échanges sont permanents. Nous avons besoin de nos deux cerveaux pour engendrer des idées et des solutions.

Les exceptions existent. La rupture totale ou partielle de la communication entre nos deux hémisphères porte le nom de maladies (l’épilepsie à titre d’exemple). Un déséquilibre manifeste en faveur du cerveau droit sera étiqueté fou génie. C’est le cas de certains matheux qui écrivent en une ligne la solution à un dilemme sans pouvoir expliquer comment ils l’ont trouvée !

L’interconnexion se fait aussi entre les neurones. Nous en avons des milliards et chaque neurone émet des millions de connexions. Théoriquement, nous pouvons développer notre intelligence à l’infini. La pratique d’une activité artistique, l’apprentissage d’une langue ou d’un art et la fabrication manuelle d’objets domestiques sont autant d’activités qui créent de nouvelles liaisons entre les neurones.

L’âge a une moindre prise sur l’activité neuronale et la créativité. Mieux encore, le stock d’expériences emmagasiné dans notre cerveau est classé par les spécialistes de la créativité comme une ressource. Nous le solliciterions en premier avant de vagabonder en mode divergent pour créer une liste d’alternatives.

Nous sommes potentiellement plus puissants que tous les ordinateurs et robots de la NASA réunis ! Nous possédons aussi un énorme avantage sur eux : les émotions.

L’intelligence émotionnelle

Nous sommes tout le temps submergés de sentiments. Nous pouvons en recenser des centaines. Quant aux émotions, qui composent tous ces sentiments par un jeu de dosage, elles sont au nombre de six : la joie, la surprise, la peur, le dégoût, la colère et la tristesse.

Face aux situations de la vie, les émotions naissent, se matérialisent (expression du visage, posture, tonalité vocale, etc) et impactent notre processus de prise de décision. Un intelligent émotionnel en tire toujours avantage.

L’intelligence émotionnelle consiste à reconnaître l’émotion, l’assimiler, la réguler et la diriger pour qu’elle soit un catalyseur de créativité. Beaucoup d’œuvres littéraires, picturales ou musicales ont été des coups de rage (émotion de colère canalisée qui devient une source d’énergie).

La nuit porte conseil, dit-on ! Les neurologues affirment que c’est vrai, sauf qu’au lieu de conseils, la nuit apporte le temps nécessaire à la régulation de nos émotions, faute de quoi, nos réactions à chaud et nos idées filles de fortes émotions risquent d’être regrettables.

Un cerveau créateur se nourrit d’émotions, même celles qui sont taxées, à tort, de nuisibilité comme c’est le cas pour la peur. La condition est de savoir les canaliser.

Développer sa créativité

Il aurait été plus judicieux de dire maintenir sa créativité au lieu de développer sa créativité. La créativité est un kit qui nous est donné à la naissance. Pour vous en convaincre, regardez vos enfants jouer ou faites remonter vos souvenirs d’enfance.

Développer votre créativité reviendrait à vous réapproprier votre faculté de combiner vos savoirs, vos acquis et vos étincelles (nouvelles révélations) sans crainte de l’extérieur ou résistance de l’intérieur.

La pratique d’une activité artistique est un excellent régénérateur de mobilité cérébrale. Il est permis à un artiste d’être excentrique, de faire des mélanges de styles inattendus, de sortir de l’habituel, d’explorer de nouvelles pistes, d’emprunter à différentes écoles sans se soucier des critiques.

Réapprendre à vagabonder avant de se focaliser boostera votre capacité à trouver des solutions originales. Par exemple, un écrivain se doit aussi de respecter les caprices et les règles de sa langue d’écriture. Pour cela, ôtez toute résistance interne : un artiste est un rebelle ovationné par les conformistes !

D’une autre part, l’apprentissage d’un nouvel art enclenchera de nouvelles connexions de neurones et enrichira votre stock d’expériences : votre créativité en sera améliorée.

Être créatif est un comportement basique naturel. Ne pas l’être est un choix plus ou moins imposé. Se réapproprier ce droit naturel est une décision.

Eurêka, aux créatifs !