On écrit Orme mais prononcez Ormé avec l’accent.
« Orme veut dire empreinte en Italien, pays qui a été une grande source d’inspiration. Et puis comme il s’agit de chaussures, le terme « empreinte » avait du sens ; d’autant plus que les clients, en confectionnant eux-mêmes leur paire, laissent leur propre empreinte. »
En quelques mots, c’est tout l’esprit d’Ateliers Orme qui est résumé. Mais comment Cécile, ingénieure hydrologue, et Charlotte, médecin, en sont arrivées à se lancer dans cette aventure de chaussures ?
Certes, l’envie de travailler ensemble et de s’offrir une bouffée d’air était bien présente pour ces deux belles-sœurs.
« Mon métier devenait incompatible avec ma vie de famille : je devais beaucoup voyager or, je suis maman de quatre enfants. Alors j’ai saisi cette opportunité d’un changement radical, afin d’explorer d’autres domaines qui m’intéressaient », raconte Cécile.
Sans idée particulière encore en tête, elle est tout de même attirée par la noblesse mêlée à la robustesse, du cuir. Elle suit une formation sellerie lui permettant de découvrir la couture du cuir à la main, et de faire au passage « beaucoup de belles rencontres ».
Pendant ce temps, sa belle-sœur passe une partie de son temps à Naples, temple de la chaussure, et accumule une foultitude d’informations sur le sujet. Pour ces deux créatives qui adorent bricoler mais sont parfois frustrées de ne pas trouver de lieux qui s’y prêtent et une grande diversité de matériaux à expérimenter, l’idée chemine peu à peu : pourquoi ne pas inventer le DIY de la sandale ?
Ateliers Orme est lancé mais avec une série d’exigences.
« L’objectif est vraiment d’associer artisanat et do it yourself en proposant un produit de qualité », détaille Cécile.
Ainsi, la semelle en cuir des sandales vient de petits fournisseurs napolitains tandis que celle des espadrilles – développées plus tard – est confectionnée à la main en Espagne.
« En créant la marque en 2018, nous avons commencé par présenter nos modèles lors d’ateliers nomades à Paris et en province, où nous guidions les participant(e)s dans la fabrication de leurs paires de chaussures. Cela nous a permis de nous faire connaître et de prouver que, certes cela prend du temps, il y a des finitions, mais que c’est malgré tout à la portée de tous. »
Les kits Orme sont de véritables expériences. Livrés dans une boîte cadeau, ils se composent du matériel, d’outillage, de patrons et enfin d’un guide pour réaliser de façon autonome le tutoriel.
« Il faut compter environ une demi-journée pour confectionner une paire de chaussures Orme. C’est d’ailleurs le sens de notre démarche : rendre accessible un très beau produit et par là-même valoriser le travail », précise Cécile.
Découvrez sans plus tarder l’offre d’Orme Ateliers, présente dans l’espace boutique I MAKE. Nos chouchous ? Les sandales à brides hautes en couleur !

1. Si vous deviez résumer en trois mots votre univers ?
Artisanat, belles matières, ludique.
2. Quelles sont vos sources d’inspiration ?
On est à l’affut des tendances dans la mode et dans l’univers de la chaussure. J’ai beaucoup travaillé en Afrique auparavant, cela influence encore mon travail avec notamment des tissus wax qui se marient parfaitement avec le cuir uni de nos modèles.
3. Quelles sont vos motivations pour tout faire soi-même ?
Derrière le faire soi-même, il y a l’importance de transmettre. Faire soi-même aide à prendre conscience que derrière tout ce que nous mangeons, nous portons, il y a de l’humain. Qu’avant d’obtenir un résultat, il y a une idée et du travail. D’ailleurs, créer soi-même offre un grand sentiment d’accomplissement. On s’en rend compte à chacun de nos ateliers, en découvrant le sourire des participants, fiers et heureux d’être parvenus à confectionner leurs chaussures.
4. Quelles sont vos dernières expérimentations créatives ?
Avec Ateliers Orme, nous avons énormément de chutes de cuir alors, pour les valoriser, je me suis lancée dans la création de bijoux. J’associe le cuir, à des perles, des breloques et apprêts chinés dans des brocantes… J’adore et cela va même donner lieu à de prochains kits Ateliers Orme !
5. Avez-vous un rituel lorsque vous créez ?
Le matin je fais beaucoup de trajets en vélo, c’est d’ailleurs en selle que naissent beaucoup d’idées et que je déroule le programme de la journée ! L’après-midi, c’est plutôt le moment consacré à la création : je fais place nette, je range, je sors mes outils, je mets la radio et je me prépare un café. Je prépare un environnement de travail propice afin de tester de nouveaux cuirs, chercher de nouveaux modèles, réfléchir sur le packaging…
6. Qu’est-ce que le digital a modifié dans votre façon de travailler ?
Grâce à notre communauté qui est petite, mais très fidèle, chaleureuse et enthousiaste, nous avons un retour immédiat sur nos créations ce qui est un énorme atout. Et même si nous avons désormais une boutique-atelier parisienne dans le 11ème arrondissement, nous ne serions rien sans la vente à distance.
7. Qu’est-ce qui est le plus gratifiant dans votre travail ?
Tout simplement de voir que le concept plaît. Quand nous avons démarré, nous avons eu droit à pas mal de réactions sceptiques : créer une paire de chaussures, ce n’est pas banal ! C’est aussi très gratifiant d’avoir pu ouvrir une boutique et de constater la satisfaction des gens qui partagent avec nous leurs réalisations. Cela nous conforte dans l’idée que nous avons bien fait de proposer un produit DIY qui nécessite qualité et technicité.
8. Que vous reste-t-il à explorer ?
Beaucoup de choses autour de la chaussure ! Nous sommes encore au début de l’aventure. Nous avons envie de proposer d’autres modèles mais aussi d’introduire de plus en plus d’upcycling. Actuellement, une grande majorité de nos cuirs sont récupérés auprès de grandes maisons de couture, mais nous pourrions étendre le principe aux tissus, par exemple.
(pour sa photo d’objet favori : des poids chinés qu’elle détourne notamment pour maintenir ses patrons lorsqu’elle trace les repères).
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Cette interview a été réalisée par Vanina Denizot.