Rencontre avec Christine, fondatrice de Dress your body

« J’ai toujours aimé la couture. Je ne saurais pas expliquer pourquoi. »

Ses grands-mères étaient expertes en ce domaine, mais n’ont pas eu l’occasion de lui transmettre leurs connaissances. Pourtant Christine, dès son enfance, est attirée par la vieille machine à coudre qui trône dans la maison. Elle bataille parfois avec l’appareil mais persévère et réalise notamment des petites créations pour ses poupées. L’envie d’aller au-delà, en cousant des vêtements, est déjà là :

« J’ai commencé à m’exercer avec les patrons Burda, mais il n’y avait toujours quelque chose qui n’allait pas », se remémore-t-elle en souriant.

Quand elle se lance dans des études de gestion puis devient chef de projet en logistique, la couture ne la quitte pas, en filigrane :

« Je suivais des cours du soir, des cours à la mairie de Paris… au fond, j’ai toujours été frustrée de ne pas en faire plus. Mais je voyais la couture seulement comme un loisir : je ne me suis jamais autorisée à l’envisager comme un métier. »

Après cinq années de vie professionnelle finalement peu épanouissantes, elle ose se projeter et débute une formation de modélisme avec l’idée, un peu vague mais déjà présente, de créer et proposer à la vente ses propres patrons. Sa formation achevée, elle travaille dix ans en entreprise, notamment pour Lectra, marque de modélisme et de patrons 3D… avant de sauter dans le grand bain de l’entrepreneuriat.

« Dix ans passés chez Lectra venaient de s’écouler, je fêtais mes 40 ans… c’était un moment charnière : j’ai décidé de lancer Dress your body. »

Nous sommes alors fin 2017. Christine profite de la première année pour étoffer progressivement sa collection de patrons couture, puis c’est le Salon Créations & Savoir-faire en 2018 qui propulse définitivement la marque.

« Cela m’a apporté une visibilité incroyable », raconte-t-elle.

Portée par l’enthousiasme de ses clients, Christine met également en place un service gratuit et innovant : le Bar à Manches. A partir d’un patron déjà acheté, vous pouvez en décliner plusieurs versions en téléchargeant différents types de manches qui s’adaptent au patron initial. Un concept qui achèvera de vous convaincre de craquer pour les patrons couture Dress your body disponibles sur I MAKE, comme la Robe in the sun ou la chemise My monster. Deux créations qui figurent parmi les de best-sellers de la marque !

1. Si vous deviez résumer en trois mots votre univers

Féminin, raffiné et tendance.

2. Quelle est votre couleur préférée ?

J’aime beaucoup m’habiller avec des couleurs chaudes comme des nuances de rouge ou de marron. Et je décline beaucoup le bleu dans mes différentes tenues.

3. Quel est votre outil de travail favori ?

Le découd-vite. Il est associé à quelque chose de laborieux, pas toujours amusant puisqu’il s’agit de découdre ce que l’on vient de faire mais je pense que cela fait partie intégrante de la couture : faire des essais, expérimenter, faire, défaire pour mieux refaire.

4. Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Tout est inspiration. Mais j’aime particulièrement observer les gens autour de moi, dans la rue, le métro… Je détaille leur tenue. Je me rends compte d’ailleurs que je pose beaucoup plus un regard de modéliste que de styliste : j’aime observer un détail, un col, des manches et comprendre sa construction.

5. Quel est votre artiste préféré ?

Je reste dans la couture et je dirais le créateur Cristóbal Balenciaga. Il disait : « L’élégance, c’est l’élimination ». Et de fait ses créations sont souvent réalisées dans une seule matière, en essayant de supprimer ou tout au moins de cacher, les coutures et fermetures. A la fois sobres et très travaillés, je trouve ses modèles sublimes et je peux passer beaucoup de temps à les regarder dans les expositions qui lui sont dédiées.

6. Où créez-vous ?

Chez moi, j’ai une pièce qui fait office d’atelier. J’ai une grande table avec tréteaux où je peux faire la coupe et où j’installe aussi mon ordinateur. Un autre espace est dédié à la machine à coudre et à la surjeteuse. Et puis j’ai une armoire remplie de tissus !

7. Qu’est-ce que le digital a modifié dans votre façon de travailler ?

Il est primordial. Je pense qu’il rend le travail beaucoup plus facile et ouvre un champ de possibilités. Au niveau même de mon patronnage, je travaille essentiellement sur logiciel, même s’il m’arrive d’utiliser un mannequin. La gradation, qui est un travail long et laborieux car elle consister à décliner le patron en différentes tailles, se fait également sur l’ordinateur. Et puis le digital est une vitrine qui me permet de me faire connaître et de présenter mon travail.

8. Comment voyez-vous la suite ?

J’aimerais développer de nouveaux modèles, réaliser des gradations encore plus importantes (actuellement, les patrons Dress your body sont disponibles du 36 au 46) et puis développer mon entreprise à l’international. C’est d’ailleurs pour cela que désormais tous mes patrons sont disponibles en anglais et je suis très heureuse quand je vois qu’ils voyagent jusqu’au Canada ou en Nouvelle-Calédonie, par exemple.

Suivez Christine :

Cette interview a été réalisée par Vanina Denizot.