Quand il évoque sa vie avant Abies Lagrimus, Claude aime à dire qu’il a « vécu trois jeunesses ».
La première se déroule sur ses terres catalanes qu’il affectionne tant, au village de Vingrau plus précisément. Ce fils et petit-fils de vignerons vit au cœur de la nature et passe ses journées dans des cabanes perchées ou au bord de la rivière. Si son frère et ses sœurs restent dans les vignes familiales, Claude préfère s’en détacher pour aller vivre « sa seconde jeunesse ».
Étudiant à Perpignan, il décroche une maîtrise en sciences économiques, savourant son autonomie dans la grande ville, et occupant ses loisirs notamment à faire du rugby. Puis, vient la troisième jeunesse, car Claude a des envies d’ailleurs.
« Je me voyais bien en Australie par exemple. J’ai atterri en Belgique, à Bruxelles, en tant qu’assistant de direction d’exportation pour une grande entreprise de vin. Je ne regrette pas, j’y ai énormément appris, notamment sur la valeur du travail, le contact commercial et le fait de construire une offre. Cela me sert encore aujourd’hui. J’y ai aussi appris à faire la fête et je me suis aussi mis à la bière ! » Et d’ajouter, plus sérieusement : « Si j’ai un conseil à donner aux jeunes, c’est d’aller voir ce qui se passe ailleurs, être curieux, découvrir comment les autres vivent. Ce qui n’empêche pas de revenir chez soi ensuite. »
C’est d’ailleurs ce que fait Claude, poursuivant sa carrière en tant que responsable commercial dans le vin pendant près de 30 ans. Il entend parler pour la première fois, par hasard, du sirop de sapin. Il découvre alors cette recette ancestrale des Pyrénées, tombée peu à peu en désuétude qui permet aussi bien d’assaisonner des desserts que de renforcer ses défenses immunitaires, protégeant les voies respiratoires à l’approche de l’hiver. Ainsi germe l’idée d’Abies Lagrimus que l’on pourrait traduire par « larmes joyeuses de sapin ».

Pour réaliser ce sirop aux multiples vertus, il faut aller récolter dans le massif du Canigou, les cônes du sapin mûrs Abies Alba et puis en extraire la sève et la résine. Pour cela, Claude a dû obtenir des autorisations auprès de l’Office national des forêts (ONF) et le Parc naturel régional des Pyrénées catalanes (PNR) car ces sapins blancs ne se trouvent que dans les forêts sauvages et la cueillette obéit à un cahier des charges stricte garantissant des pratiques vertueuses.
« Chaque année, une zone de récolte est délimitée et seuls sept arbres sur dix sont exploités afin d’assurer une reproduction naturelle de cette espèce de conifère. »
Depuis le lancement, la gamme n’a eu de cesse de s’agrandir et Claude peut désormais faire le bilan de la décennie écoulée. Son sirop de sapin a conquis les pharmacies de la région puis de toute la France, et désormais, ce sont des chefs de la gastronomie qui utilisent ses produits dérivés comme l’Altiam, vinaigre de sapin doux et fruité.
« Tous nos produits sont biologiques et naturels. L’Acétis, crème balsamique légère à base de sapin est le produit le plus plébiscité de la gamme », précise Claude. « C’est important d’être reconnu chez soi, d’avoir de solides racines, pour ensuite conquérir d’autres territoires. »
Nous sommes donc très heureux d’accueillir les produits Abies Lagrimus sur la partie boutique d’I MAKE.
Et bon à savoir :
« Nous rajoutons toujours un petit cadeau dans la commande pour remercier nos clients et les faire sourire ! »

1. Si vous deviez résumer en trois mots votre univers ?
Nature, liberté, plaisir.
2. Travaillez-vous seul ?
Non, chez Abies Lagrimus, il y a quatre salariés. Philippe et Jessica s’occupent de la production, de la livraison, de l’expédition des commandes et forment en ce moment Geoffrey. Je travaille aussi avec des freelances avec lesquelles j’ai noué des relations très solides et fidèles. Amandine qui a développé le site et s’occupe des échanges avec les revendeurs en ligne et Myriam, graphiste, qui s’occupe de toute l’identité de la marque.
3. Quel est votre outil de travail préféré ?
Le conditionnement qui nous permet de conserver et de faire macérer les produits après la récolte.
4. Où travaillez-vous ?
Nous avons notre atelier qui se situe à Sahorre, où se trouve l’essentiel de notre production. C’est aussi notre vitrine et l’été nous proposons des visites et des dégustations. Nous avons aussi un stockage et un bureau à Perpignan au marché Saint Charles. Sur place, nous préparons les commandes. Quant à moi, je travaille beaucoup de chez moi ou en déplacement, toujours accompagné de mon ordinateur.
5. Qu’est-ce qu’il y a de plus gratifiant dans votre travail ?
Le fait d’avoir créé des emplois sur place, dans ma région. Puis de perpétuer et relancer une recette de grand-mère oubliée mais efficace.
6. Quelles sont les difficultés les plus fréquemment rencontrées ?
La principale difficulté vient de la récolte qui est périlleuse et difficile puisque nous allons récupérer les cônes des sapins qui poussent à la cime de l’arbre. Je réfléchis depuis plusieurs années à améliorer cette cueillette pour l’optimiser.
7. Qu’est-ce que le digital a modifié (apporté) dans votre façon de travailler ?
J’ai toujours pensé que le digital et internet serait un moyen efficace de développer notre activité en France et à l’étranger, et notre boutique en ligne existe depuis quatre ans. Il y a trois ans, J’ai embauché durant une année une apprentie, Amandine, qui a développé le site, et qui continue aujourd’hui à accompagner notre développement digital en tant que freelance.
8. Comment voyez-vous la suite ?
Ce que j’aime dans l’entreprise c’est innover. En discutant avec les clients, en allant à l’étranger… on donne ainsi vie à de nouveaux projets. Récemment, nous avons mis en place un nouveau partenariat avec Montpellier SupAgro et quatre étudiants nous ont aidé à élaborer des huiles aux arômes de sapin qui étaient une demande récurrente de grands chefs. Elles sortiront à l’été 2021.
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Cette interview a été menée par Vanina Denizot.