Laurie Milhet a toujours été passionnée par ce qui attrait à la cosmétique, la texture des produits, leurs ingrédients… Elle étudie donc pour devenir ingénieure chimiste en formulation cosmétique, spécialisée en recherche et développement. Mais elle se rend vite compte que le travail en laboratoire ne lui plait pas et, après ses études, elle se tourne vers le commerce. Sa carrière professionnelle débute alors dans de grands groupes textiles spécialisés dans le sport, au sein desquelles elle évolue dans les services commerciaux et de gestion. Mais, à nouveau, elle ressent une envie de changer et surtout d’être plus utile aux autres dans sa vie professionnelle. Ces dix dernières années, elle a donc dirigé une agence de services à la personne.
« En 2013, ma fille Lia est née, et a marqué le début de la plus belle et impensable prise de conscience de ma vie. » nous confie-t-elle
Avec son conjoint, ils étaient déjà très engagés pour l’environnement en privilégiant les produits locaux, de saison, non transformés, en réduisant leurs déchets. Cette démarche globale l’a donc amenée à se poser aussi des questions sur les produits cosmétiques qu’ils utilisaient au quotidien.
« Quand j’ai voulu lire les étiquettes : je n’ai rien compris.
Cela a été un véritable déclic de me dire “mais attends si moi je ne comprends pas avec mon diplôme spécialisé en cosmétique, cela veut dire que les consommateurs achètent sans rien savoir comprendre”. »
Retournant à ses premières amours, Laurie passe les trois années qui suivent à se (re)former à la cosmétique, en France et aux Etats-Unis, en privilégiant la cosmétique naturelle, cette fois.
« Et là, 2ème déclic : je me suis rendue compte que si les gens étaient capables de lire une étiquette et de comprendre ce que contiennent leur produits, ce serait la révolution cosmétique. »
Victime d’un souci d’acné hormonale à cette époque, elle teste ses propres découvertes sur sa peau et ses cheveux et découvre avec bonheur le pouvoir incroyable des matières premières naturelles.
Ne voulant plus travailler pour de gros groupes à l’affut du profil, en 2017, elle décide de quitter son emploi et de fonder sa société avec pour premier but de former et d’informer tout à chacun sur les cosmétiques. Pour ce faire, elle met en place des ateliers DIY pour apprendre à fabriquer ses propres cosmétiques et propose des ingrédients naturels. Princesse Lia est née et nous sommes ravie d’accueillir sa sélection de produits naturels sourcés en France !

1. Travaillez-vous seule ?
J’ai travaillé seule durant un peu plus de 3 ans, même si je me suis entourée, dès le départ, d’une apprentie à l’année et de stagiaires ponctuels; mais aussi de la famille qui venait prêter main forte quand il y avait des rushs, et cela a été une de mes grandes forces !
Depuis janvier 2021, nous sommes 3. Laure et Esther ont rejoint l’aventure en tant que salariées mais surtout associées !
2. Si vous deviez résumer en 3 mots votre univers…
En fait j’ai 8 valeurs fortes et quasi inséparables ! Donc je dirais Authenticité, transparence, expertise… mais aussi proximité, bienveillance, minimalisme, naturalité et exigence.
3. Comment gérez-vous le sourcing en France de vos divers produits ?
Du temps, de la passion et de la patience 🙂
Ce sont des heures passées à essayer de trouver des producteurs qui ne sont le plus souvent pas répertoriés sur internet. C’est ensuite une rencontre, des échanges, la découverte d’ingrédients, les tests et enfin la sélection finale du fournisseur.
C’est souvent compliqué, car nous travaillons avec de “petits” producteurs et des plantes, nous sommes soumis aux aléas de la nature et ne pouvons pas demander plus que ce qu’elle fournit. Il y a donc parfois des ruptures de stock (comme l’huile de noyaux de cerise depuis plusieurs mois), de meilleures années que d’autres pour certaines plantes…
Nous essayons de proposer des prix très compétitifs en rapport avec la qualité de nos produits. Et en même temps, nous ne voulons pas surproduire en grande quantité, cela n’aurait plus de sens avec nos valeurs.
Bref, ce n’est pas facile, et c’est une vigilance de chaque instant, mais c’est une conviction ancrée en nous et qui représente les fondations de la société : le bien de soi ne va pas sans celui des autres et de la planète.
4. Qu’est-ce qui est le plus gratifiant dans votre travail ?
Le retour des clients qui découvrent, parfois pour la première fois, un produit de cette qualité et sont conquis par la cosmétique naturelle et le pouvoir incroyable des ingrédients bruts ! Ils nous partagent les effets sur leur peau, leurs cheveux, c’est tellement gratifiant !
J’ai été soutenue dès le départ par des utilisatrices fidèles. Cela me donne de l’élan, de la confiance, de la motivation…
Et le graal, c’est quand je vois mes élèves de formations réaliser leur rêve et créer leur marque de cosmétique. Alors là, je n’ai pas de mot, c’est la plus belle des récompenses.
5. Quelles sont les difficultés les plus fréquemment rencontrées dans votre travail ?
Le manque de temps et de moyens financiers et humains. Nous avons toujours beaucoup, beaucoup d’idées mais pas la moitié des moyens pour les réaliser !
C’est frustrant, mais c’est aussi bénéfique. Cela permet parfois de ne pas partir tête baissée et de prendre le temps de la réflexion.
Et puis, finalement, lorsque je regarde derrière moi, avec le recul, je me dis que c’est quand même allé très vite 🙂
6. Qu’est-ce que le digital a modifié dans votre façon de travailler ?
J’ai très vite travaillé avec le digital. Cela m’a permis de rester en lien avec mes clients, de partager le quotidien de Princesse Lia, et de proposer nos produits au plus grand nombre. J’ai co-construit Princesse Lia avec mes utilisateurs, je les ai fait participer à beaucoup de choses, de prises de décision, … j’avais envie qu’ils se sentent engagés dans la marque.
7. Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite se lancer dans la confection maison de ses cosmétiques ?
Keep it simple* !
Je vois souvent des personnes ne rien connaître et tenter de démarrer avec une recette trouvée sur internet comportant des dizaines d’ingrédients auxquels ils ne comprennent rien.
Pour moi, il faut commencer simple et expérimenter des produits faciles et tellement efficaces : des sérums huileux, des masques ou gommages avec des poudres et des huiles, …. et petit à petit, se former pour faire des produits plus complexes si on le souhaite. Et surtout ne pas avoir peur de tester. On le fait en cuisine et notre peau n’est pas plus fragile que notre estomac donc : «Test & Learn ! »**
8. Avez-vous adopté la philosophie du “tout faire soi-même” ? Qu’aimez-vous faire vous-même ?
Non pas vraiment : le cordonnier est souvent le plus mal chaussé ! Mais je n’achète pas non plus de cosmétiques, ou c’est très rare.
Avec le temps, je suis devenue très minimaliste et passionnée des produits bruts : des huiles, des hydrolats et des poudres représentent 80% de ma salle de bain. Je les combine en fonction de mes besoins et envies.
Par contre je fais mes produits lavant depuis longtemps, mon savon et mon shampooing solide. Et j’en achète aussi en direct chez des artisans.
9. Quelle initiative citoyenne, locale, associative… aimeriez-vous faire connaître ?
Dès que nous le pouvons, nous essayons de former et d’informer sur les ingrédients naturels.
Par exemple, cette année nous sommes intervenus dans des collèges pour faire réaliser une crème à des classes de 5ieme. Nous sommes également intervenus chez Surfrider, dont le siège est à Biarritz, pour les former sur la cosmétique et échanger sur les problématiques de pollution. Nous sommes partenaires de leurs ateliers et fournissons les ingrédients en essayant de proposer des produits locaux, le plus possible.
Dans un autre domaine, il nous arrive aussi d’accompagner les producteurs au niveau réglementaire afin qu’ils puissent bénéficier d’un nouveau circuit de distribution en cosmétique pour leurs huiles, hydrolats …
10. Que vous reste-t-il à explorer ?
Tellement de choses ! La cosmétique naturelle et DIY n’en est qu’à ses débuts ! Nous souhaitons valoriser de nouveaux produits issus de l’agriculture française, aller à la rencontre de nos producteurs, travailler sur des packagings encore plus éco responsables, revoir notre univers graphique … Dans tous les cas, je ne suis pas inquiète, si il y a bien une chose qu’on ne fait jamais chez Princesse Lia, c’est bien s’ennuyer !
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Cette interview a été menée par Bleu de Sienne.
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