Rencontre avec Robin, fondateur de KitCuir

Tous les chemins – même les plus détournés – mènent à la création. La preuve avec Robin qui, dans les pas de son père, est passionné de tir à l’arc à cheval.

« Nous étions plus ou moins les premiers à pratiquer en France. La discipline étant naissante, le matériel était difficile à trouver. Nous l’avons donc rassemblé sur une e-shop dédiée. Pour ce projet, je me suis formé au domaine du web. L’attirance pour le cuir est arrivée de cette façon également », explique Robin.

Pour continuer à exercer sa passion, Robin se familiarise ainsi au système D. Il raconte :

« Certains équipements, comme le carquois par exemple (étui destiné à contenir des flèches, NDLR) ne sont pas juste difficiles à trouver : ils sont introuvables. C’est facile de trouver un modèle esthétique, mais pas un qui permettra de galoper et de tirer avec des techniques de rechargement rapides. J’ai donc appris à le fabriquer moi-même en faisant énormément de tests avant de trouver le bon compromis. Et c’est comme cela que j’ai découvert le travail du cuir et la satisfaction de créer de mes mains un outil que j’utilise tous les jours. »

Mais Robin doit pourtant se rendre à l’évidence : le travail du cuir est long et fastidieux. Pour optimiser le temps passé, il s’informe, fait des recherches et tombe sur des vidéos de machines de découpe laser qui découpent et gravent le cuir. Petit à petit le concept de KitCuir se dessine :

« J’en suis arrivé à la conclusion que si les pièces sont déjà coupées et que les trous des coutures sont également déjà percés, le travail qui reste à faire devient accessible à tous. »

Pendant six mois, Robin économise puis s’achète une machine de découpe laser pour donner corps à son idée.

« J’ai commencé par couper un porte-cartes que j’ai assemblé dans la foulée. Je n’ai jamais pris autant de plaisir à faire une couture cuir. Les aiguilles passent toutes seules dans les trous, les découpes sont parfaites et le résultat est bien plus professionnel que ce que j’avais pu faire jusque-là ! C’est à ce moment-là que je me suis mis à croire à 100% au projet KitCuir. »

Dès lors, tout s’enchaîne : Robin met en place des patrons, propose des tutos pour guider durant l’assemblage des pièces, lance des kits… Nous sommes ravis car désormais tous sont disponibles sur I MAKE.

Quand aux retours des clients, ils ne font que conforter Robin dans son projet :

« J’ai même une cliente qui, après avoir réalisé un sac, m’a envoyé un message pour me dire qu’elle souhaitait se lancer dans une formation maroquinerie pour potentiellement en faire son métier. »

1. Si vous deviez résumer en trois mots votre univers ?

Réflexion, confection, création.

2. Travaillez-vous seul ?

J’ai démarré le projet seul, c’était d’ailleurs une sorte de défi personnel pour apprendre à faire plein de choses. J’ai dû toucher à tous les domaines et parfois sortir de ma zone de confort. C’est d’ailleurs un projet très complet qui allie un travail manuel et une gestion des nouvelles technologies. Mais ma copine se joint désormais à l’aventure pour m’aider à organiser des ateliers KitCuir.

3. Où créez-vous ?

Je travaille chez moi pour toutes les tâches à faire sur l’ordinateur et pour l’assemblage de produits (notre maison sent bon le cuir d’ailleurs !). Et quand il faut découper, je vais dans un atelier que j’ai aménagé dans une dépendance.

4. Quelle est votre routine créative ?

Je réfléchis régulièrement aux futurs kits. J’essaie de trouver des choses utiles, jolies et assez simples à réaliser pour l’instant. Je ferais des kits d’un niveau plus confirmé quand j’aurai une série d’adeptes au concept qui le réclame ! J’écris toutes ces idées sur une note de mon téléphone. Et quand j’ai une journée de libre, je m’attaque au projet qui me tente le plus. Je commence par m’arracher les cheveux pour faire le patron. Puis je le découpe, je l’assemble et je rédige le tuto en même temps.

5. Quel est votre outil de travail préféré ?

Les outils pour assembler un kit KitCuir sont basiques : Un bout de chiffon ou une éponge pour la teinture et deux aiguilles pour la couture. J’ai une préférence pour la couture et donc l’aiguille.

6. Quel type de cadeaux faites-vous quand vous les réalisez vous-même ?

Généralement, j’offre le porte-cartes double. C’est mon produit préféré. Il est très simple et rapide à découper et à assembler. Et il est super pratique puisqu’il ne prend pas de place dans la poche et suffit à ranger quelques cartes et un peu d’espèces. Je prends également le temps d’y ajouter une gravure personnalisée en fonction des goûts de la personne qui le recevra. Et bien souvent je m’amuse à colorier l’intérieur des gravures au pinceau. C’est très simple à faire mais je trouve le rendu vraiment super !

7. Qu’est ce qui est le plus gratifiant dans votre travail ?

De générer de la fierté. Toutes les personnes que j’ai eu l’occasion de voir avec leur produit fini en étaient très fières ! La qualité est semblable à ce qu’ils auraient pu acheter en magasin mais ils ont choisi leurs couleurs. Pour certains ils ont également ajouté une gravure personnalisée. Ils obtiennent quelque chose qui leur ressemble vraiment, fait de leurs mains.

8. Comment voyez-vous la suite ?

J’aimerais pouvoir vivre de ce projet et donc avoir plus de temps à lui consacrer. Créer plus de nouveaux kits, pourquoi pas avec des cuirs différents… notamment une gamme vegan. Je souhaite également développer des ateliers où nous assemblons nos kits ensembles. J’aimerais également développer l’idée de peindre l’intérieur des gravures en travaillant sur le conditionnement des teintures.

Suivez Robin :

Cette interview a été réalisée par Vanina Denizot.