Rencontre avec Sokina, artiste textile

Quand Sokina évoque son enfance, elle se remémore une « banlieue parisienne avec une éducation au voyage, au regard vers l’autre, aux couleurs. » Elle se souvient même avoir vécu sa toute première expérience de peintures sur soie en se rendant à quelques ateliers. « Le souvenir collectif de cette pratique est assez poussiéreux et correspond à des images passées aux couleurs plutôt ternes, à des abats-jours de nos grand-mères… » Un premier pas, mais pas forcément un déclic, donc.

La jeune Sokina suit ensuite des études d’anglais avant de rapidement bifurquer vers les Arts appliqués avec une formation à l’école Duperré en BTS art textile puis en DSAA mode et environnement. Ses premières expériences du monde du travail, elle les fait en tant que designer textile. Elle raconte :

« J’ai tout d’abord travaillé dans le textile d’ameublement en tant que designer textile, puis j’ai voyagé. J’ai pu observer d’autres pratiques artistiques à l’étranger. De retour en France, il y a 12 ans, j’ai repris la création auprès de différentes structures dont Adeline Klam, avec laquelle j’ai pu dessiner, entreprendre et toujours vivre dans la joie du motif ! »

Sokina est donc une designer textile touche-à-tout, curieuse et épanouie, mais sa carrière va prendre un tournant décisif lorsqu’elle choisit de suivre une formation en teinture végétale.

« Dès les premières minutes de bains de plantes, la vision de la couleur qui monte de manière puissante sur la soie m’a reconnectée au textile. »

Retrouvant « l’émotion du textile » qui donne vie à des étoffes uniques, Sokina lance une première collection de foulards puis y ajoute du motif.

« La pièce unique me plaît beaucoup. Dessiner directement sur la matière provoque une satisfaction intense, surtout sur de la soie ! »

Découvrez le travail de Sokina :

C’est pour transmettre cette vibrante sensation que Sokina donne régulièrement des ateliers de peinture sur soie, mais a également pensé des kits complets que vous pouvez retrouver sur I MAKE. Ces kits ont été conçus pour « se lancer dans la peinture sur soie, avec quatre couleurs et ne plus avoir peur, trouver le courage de créer. »

1. Si vous deviez résumer en trois mots votre univers ?

Naïf, coloré et libre.

2. Travaillez-vous seule ?

Pour la création oui. Pour la gestion des ateliers, de l’identité graphique et du matériel, je suis bien entourée par des personnes efficaces, aux énergies positives. J’ai été bien aidée par quelques stagiaires ces dernières années aussi. Je discute aussi beaucoup avec d’autres artistes qui m’entourent, avec qui des projets sont toujours possibles. Je donne des ateliers dans de super lieux tels que Klin d’oeil à Paris, les Artisanes à Lille, à Anvers, Zurich… En travaillant seule on ne l’est jamais.

3. Où travaillez-vous ?

Pour la communication et la création, d’un peu partout. Je peins mais pas tous les jours malheureusement. Au quotidien, je monte aussi des dossiers de subventions, répond à des appels d’offre, des appels à expositions, Je mets mes stocks à jour, je peins sur mes emballages… Les grandes pièces sont, quant à elles, toujours réalisées à mon atelier.

4. Quel est votre outil de travail préféré ?

Le pinceau.

5. Est-ce que vous vous êtes lancée dans autre chose que votre sujet créatif de prédilection ?

J’alterne de plus en plus entre papier et textile. Les deux se répondent, c’est important pour moi de travailler autant sur des matériaux pauvres (cartons de récupération) que sur des supports précieux. La création est sans limite. Je me suis lancée dans le surf aussi, une autre perception du mouvement, de la couleur, du changement.

6. Quelle initiative citoyenne, locale, associative… aimeriez-vous faire connaître ?

Mon travail aux côtés d’Emmaüs Alternative, intitulé Voyage sur soi(e). C’est une œuvre textile collective, réalisée en collaboration avec neuf jeunes en insertion. Nous avons mis en place un atelier de trois heures pour une plongée au cœur des codes vestimentaires et de l’espace à soi qu’ils représentent. Une réflexion identitaire qui emmène les participants à explorer les territoires fragiles qui les composent, du corps au vêtement, de la maison au trajet quotidien. A l’arrivée, trois kakémonos peints collectivement à main levée sur la crêpe de soie ont été faits. Une exposition a ensuite eu lieu, chez les Résilientes à Paris, en automne 2019.

7. Quelle est votre citation préférée ?

« L’artiste commence par une vision – une opération créative nécessitant des efforts. La créativité demande du courage. » Henri Matisse

8. Comment vous voyez-vous dans 10 ans ?

Au bord de la mer, entre surf et peinture, avec mon chéri et nos grandes filles épanouies. J’espère avec des créations à grande échelle, de la scénographie, des projets collectifs, des expositions.

Suivez Sokina :

Cette interview a été réalisée par Vanina Denizot.